lundi 13 avril 2009

Marilyn Chambers n'est plus...

À 56 ans, la star mémorable de BEHIND THE GREEN DOOR s'éteint à un peu plus d'une semaine avant son 57e anniversaire. Bien triste nouvelle....

(1952-2009)

dimanche 22 mars 2009

Précisions sur LE MIROIR OBSCÈNE

Comme promis dans le dernier billet, je me lance dans quelques précisions quant à la version projetée à la cinémathèque québécoise du film LE MIROIR OBSCÈNE de Jess Franco. En fait, avec ce visionnement, je me suis retrouvé avec plusieurs surprises mais tout d'abord, élaborons rapidement sur les trois versions plus courantes qui existent sur le marché vidéo en ce moment.

1-La version originale espagnole nommée AL OTRO LADO DEL ESPEJO. Disponible seulement en espagnol en VHS dans son pays d'origine. Il s'agit ici d'un film onirique sans les déboires à caractère sexuel présents dans les autres versions. La durée m'est inconnue.

2-La version française plus olé présentée sous le titre LE MIROIR OBSCÈNE produite par Robert De Nesle. Cette version présente un remontage du film espagnol avec une musique différente d'André Bénichou. Ce remontage change le filon majeur du métrage en ajoutant des inserts softs pour pimenter le film et obtenir la cote X (de l'époque) en France comme le désirait De Nesle. Franco s'occupe du tournage de ces scènes additionnelles. Également, on me dit que plusieurs scènes sont dans un ordre différent de la version originale. La durée de la version vidéo est de 80 minutes.

3-La version italienne à caractère pornographique intitulée LO SPECCHIO DEL PIACERE. Cette version reprend le remontage de la version française pour y ajouter des inserts pornographiques. Il s'agit de gros plans de pistonnage qui n'ont rien à voir avec le film. La majorité de ces inserts lassants remplacent une bonne partie des inserts softs présents dans la version française. On omet aussi quelques scènes dont l'annonce du suicide du paternel, des numéros musicaux et quelques autres bouts ici et là. La durée est de 87 minutes.

Maintenant que ceci est mis au clair, imaginez ma surprise à la cinémathèque, pendant le visionnement de la version française présentée, en réalisant que la version est différente sous un point majeur de celle en VHS: il y a, entre autre, une bobine complète de plus dans le film ! C'est dire à quel point la distribution des films de Franco n'est jamais bien aidante à découvrir les oeuvres de celui-ci, encore moins si on y ajoute toutes les différentes versions pour différents territoires, aidant à rendre le tout encore plus décousu. J'ai donc eu la chance de voir la version française d'origine, celle présentée en salle à l'époque de sa sortie !

Élaborons sur les quelques différences, entre la version cinéma et la version VHS, autre que la bobine de plus: dès le départ, lors du générique, le plan final se termine sur le manoir familial. Dans la version cinéma, le plan demeure statique et la musique continue de jouer pendant un long moment avant de couper pour démarrer le récit. Était-ce pour laisser une marge de manoeuvre pour les différents génériques de différents pays ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, ce long plan musical laisse le temps de nous envelopper dans l'univers du film tout en découvrant la musique de Bénichou. Ce plan plus long est également présent dans la version italienne qui, elle, coupe le générique pour l'afficher sur un fond noir, mais tout en ouvrant sur ce plan statique. La version VHS, elle, coupe cette longueur pour se lancer tout de suite dans le récit ce qui nous donne droit à un saut dans la bande-son.

Une autre coupe, peut-être pour la censure cette fois, se présente lors de la scène de suicide d'Annette dans la baignoire. Les quelques plans sont plus longs et on a droit à des plans des poignets tranchés, laissant une ambiance morbide en entendant que des goutelettes se mêlant à l'eau de la baignoire. Ces plans sont présents dans la version italienne.

Et maintenant, nous arrivons à la bobine manquante. Toutes ses scènes sont sans doute présentes dans la version originale espagnole, mais il est vraiment dommage de juger la VF lorsqu'un aussi grand bout de métrage est manquant. Ce manque arrive au bout d'une heure environ et nous présente de nouveaux personnages, tout en développant la tentative de retour d'Annette dans la vie de tous les jours, après son suicide non-réussi. Le mal de vivre disparait pendant un instant, mais se repointera plus le temps avancera, tout ceci étant manquant dans la version VHS.

On débute donc avec la scène à la terrasse où Annette prend un verre tranquillement alors qu'un peu plus loin, un homme en couple lui lance des regards aiguicheurs.

Lorsqu'Alice Arno fait son entrée à la terrasse pour rencontrer son amie, on s'aperçoit qu'elle connait le couple et nous avons donc droit à un rassemblage empreint d'humour avec l'homme commandant du « brisa », un breuvage qu'il boit sans cesse si on en croit sa femme.

On les retrouve ensuite à un bar où la commande de « brisa » se fait à nouveau pour ensuite s'amuser avec un drinking game qui, comme me le faisait remarquer un ami connaisseur, est le même présent dans plusieurs films de Franco comme EUGÉNIE DE SADE ou PLAISIR À TROIS. On voit bien dans cette scène qu'Annette a une bien grande difficulté à réintégrer le monde, étant toujours un peu ailleurs.

Suivant tout cela, on retrouve une scène avec un dialogue particulièrement savoureux où Annette énumère tout ce qui l'emmerde. Une discussion humoristique avec tout le lot de profondeur qui ne se ridiculise pas.

Nous avons droit ensuite à une magnifique scène sur un yacht où les images superbes des environs sont à couper le souffle. Bien sûr, avec les images prises d'une copie grandement abîmée, ne laissant aucune place aux couleurs resplendissantes, je ne peux que vous donnez un aperçu quelconque. L'homme faisant la cour à Annette marque quelques points...

Nous nous retrouvons ensuite à une salle de danse où le couple discute de l'attirance de l'homme envers Annette, tout en dansant, mettant clairement au point la vision de la dame du couple, disant que la jalousie n'est pas présente vu l'attirance seulement physique.

Après la danse, le couple et Annette se retrouvent pour discuter. C'est à ce moment que la version VHS reprend, laissant le spectateur faire un sommaire de qui peuvent bien être ses nouveaux arrivants, enlevant tout le développement et l'état où en est le personnage d'Annette. Toutes les photos ici présentes proviennent de la version X italienne, mais dans cette version, il manque également un autre moment magnifique, celui que je recherchais après la vision du film en salle.

Il se situe également dans cette bobine manquante (coupé même dans cette version italienne pour laisser place à des inserts plus longs ailleurs dans le métrage), si ma mémoire ne fait pas trop défaut, juste avant la scène du yacht: il s'agit d'un long plan où nous voyons Annette et son amie (Alice Arno), le couple, ainsi qu'une figurante dans une décapotable longeant la route près de la mer. Dans ce plan magnifique doté d'une ambiance particulièrement onirique, la voiture suit la caméra pendant que nous entendons les bruits de moteur des voitures ainsi que les sons ambiants de l'endroit en même temps que nous avons en guise de bande-son la chanson thème de Bénichou, fredonnée par les personnages. Un moment magique qui dure moins d'une minute, mais qui fait rêver longuement. Cette scène est probablement présente dans la version espagnole, mais vu la musique différente, ça ne sera pas la même chose, malheureusement.

Ce constat de la version cinéma est enthousiasmant tout en étant légèrement déprimant. Enthousiasmant puisque ça ajoute beaucoup au métrage en question et que cette version existe toujours. Légèrement déprimant parce que cette version n'est disponible nul part ailleurs qu'en salle. Le côté légèrement déprimant ne s'arrête pas là.

Toute cette situation m'a mis sur la piste d'une hypothèse qui, visiblement, s'avère véridique. Tous les films de Jess Franco produits pour Robert De Nesle, époque particulièrement jouissive de l'oeuvre de Franco, sont problématiques quant à leur distribution sur le marché vidéo, la question des droits d'auteurs étant plus que confuse. Ils ont tous eu une distribution en VHS à l'époque en France, la plupart d'une qualité primaire, mais dont on se contente tellement les films sont savoureux. Pour ce qui est du marché d'aujourd'hui, cette situation des droits confus et complexes donne droit à une distribution de quelques-uns de ces films, seulement ceux co-produits avec une compagnie internationale, laissant libre cours à cette autre compagnie à vendre les droits de la version présentée sur leur territoire (LES DÉMONS, par exemple, est sorti en Allemagne en DVD par l'entremise de la co-production portugaise). Rare sont ces sorties, mais l'espoir demeure.

Cependant, cet espoir se tarni par le constat que cette version du MIROIR OBSCÈNE pousse: tous les De Nesle en version VHS (la plupart n'étant disponible qu'en VF, langue « d'origine » du métrage produit en France) sont coupés. Pas des petites coupes, mais des bobines manquantes ! Ceci expliquerait pourquoi tous les films pour De Nesle sont si courts, allant jusqu'à aussi peu que 65 minutes...

Pourquoi ce constat généralisateur (à part le cas évident du MIROIR OBSCÈNE ici présent) ? Eh bien, à travers les années, les rumeurs circulaient envers une version plus longue de LORNA L'EXORCISTE (alias LES POSSÉDÉES DU DIABLE), film fétiche de plusieurs (dont moi-même). Cette rumeur survivait grâce à une photo démontrant une scène particulièrement osée (le fameux cliché de Lorna, Pamela Stanford, et du godemichet). Le doute subsistait tout de même envers une version ayant cette scène puisque les photos de plateaux de l'époque laissaient souvent songeur à d'autres scènes, mais il s'agissait bel et bien de coupes au montage initial. Cependant, une version en Suède est apparu de ce film avec une durée beaucoup plus longue (mais omet la scène du godemichet pour cause de censure).

On a droit ensuite à une version de SHINING SEX en VF de 81 minutes. On découvre maintenant une version doublée en anglais disponible au Japon de plus de 100 minutes ! LES ÉBRANLÉES existe également en deux distributions en VF en VHS, l'une ommettant plusieurs scènes importantes (mais encore là, vu la durée, une ou plusieurs bobines peuvent être manquantes). Peut-être que deux VF diffèrent également pour LORNA, je n'ai pas encore vérifié la chose, mais la durée est tout de même proche l'une de l'autre (80 min. vs. 83 min.) Nous avons également droit, pour LES DÉMONS en DVD, à une version beaucoup plus exhaustive, sans doute la version présentée en salle contrairement à la version disponible en VHS, un cas semblable au MIROIR OBSCÈNE.

LA COMTESSE PERVERSE pourrait également être ajouté au lot, mais vu les nombreux remontages de ce film, qui sait si une version originale existe encore ? La présentation du MIROIR OBSCÈNE me laisse espérer que oui, quelque part, elle existe toujours. On a tout de même réussi à retracer une version ultérieure à la version disponible à travers la plupart des vendeurs de bootlegs (un montage précédant d'autres coupes faites pour l'ajout d'inserts additionnels.)

Donc, cette distribution initiale en VHS en France, est-ce que les bobines retirées sont dûes à un désir d'économie pour le coût de la bande vidéo à l'époque ? Ou tout simplement présenter des films d'une courte durée sur ce format tout nouveau ? La raison importe peu, mais je mise sur l'économie de la bande vidéo vu le format qui débutait et les frais que le tout pouvait encourir. D'une façon ou d'une autre, cela laisse songeur à tout ce qu'on manque si la découverte de ces films ne s'est pas faite en salle... Nombreux sont les admirateurs de Jess Franco qui préférent son époque De Nesle, moi y compris, ce qui laisse tout un côté prolifique de sa filmographie ouvert à la redécouverte.

Je n'ai pas pu consulter l'ouvrage ultime et magnifique d'Alain Petit sur l'oeuvre de Jesus Franco, intitulé Manacoa Files, pour approfondir les recherches, mais j'imagine bien qu'il en viendrait aux mêmes conclusions. Peut-être que M. Petit va venir nous éclairer ? Peut-être ignore-t-il ces nouvelles informations ? La quête continue...

samedi 7 mars 2009

Nuit blanche à la Cinémathèque Québécoise avec Jess Franco

Eh oui, je suis toujours en vie et bien certainement, je ne pouvais manquer des projections en pellicule de films de Jess Franco ! Quiconque me connaît a bien entendu parler de cet espagnol à un moment ou à un autre par ma faute. Et voilà qu’un de mes vœux est exaucé avec la chance de pouvoir découvrir ou redécouvrir des œuvres de sieur Jess sur le grand écran. Je n’avais toujours pas eu cette expérience à ce jour malgré tout mon bon vouloir. Un autre de ces désirs de projections s’est réalisé il y a de ça à peine un an avec la projection de deux films de Jean Rollin, en plus d’avoir pu dialoguer et partager un peu de temps avec ce sympathique bon-vivant pendant son séjour. Je suis gâté, mais poursuivons dans le sujet du moment…

On ne s’y attendait plus, mais les hommages que Franco reçoit outre-atlantique ont pu y jouer : on lui a rendu honneur lors d’une rétrospective de 69 films (!) à la cinémathèque française et tout récemment, il vient de recevoir le Goya d’honneur en Espagne. Magnifique ! On peut dire bien des choses sur notre rebel favori, mais c’est certain que de recevoir une tape sur l’épaule de temps en temps fait le plus grand bien. Son cinéma n’est pas fait pour tout le monde malgré sa grande variété, mais si on aime, ça devient rapidement une obsession.

Donc, Jesús Franco Manera à la cinémathèque québécoise. Trois films consécutifs à partir de 23h00 le samedi soir : L’HORRIBLE DR. ORLOF (1961), LE MIROIR OBSCÈNE (1973) et LES PRÉDATEURS DE LA NUIT (alias FACELESS) (1988). L’événement fait partie du Festival Montréal en lumière où de nombreuses activités sont organisées pendant toute la nuit. Aucune hésitation de ma part envers laquelle je vise, le seul hic étant de ne pas vouloir souffrir de portes battantes durant les représentations ainsi que de la présence d’abrutis voulant rigoler au lieu de visionner des films avec un tant soit peu de respect. D’une façon ou d’une autre, profiter de cet événement est un essentiel.

J’arrive là-bas vers 22h30, question d’avoir une bonne place si jamais ces représentations attirent plus de monde qu’on peut le penser. J’entre à la cinémathèque et on voit déjà une file d’attente d’une quarantaine de personnes. Eh ben. Plus l’heure approche, plus la file s’allonge jusqu’à créer un bouchon à l’entrée en plus d’un bal masqué se déroulant au même endroit. L’heure sonne : on attend toujours, un film jouait dans la salle et a pris du retard. La salle se vide, on finit par entrer et on trouve une bonne place. Après quelques instants, il n’y a plus un siège de libre : la salle est à capacité. J’imagine qu’on a refusé des gens à la porte, je ne regrette pas mon arrivée hâtive. Les lumières diminuent…

On démarre avec deux bandes-annonces en 35mm, celle de L’HORRIBLE DR. ORLOF, d’époque, longuette avec narration monotone se voulant énergique à l’appui, et celle du MIROIR OBSCÈNE, d’époque également, plus courte avec la même narration monotone, qui laisse pantois quant à la qualité de la copie. Pour ceux ne le sachant pas, dans ce trio, le morceau de bravoure est LE MIROIR OBSCÈNE vu sa rareté en bonne qualité (seulement de vieilles VHS européennes existent pour le visionnement autre qu’en salle) puisque les deux autres métrages sont des œuvres plus connues et mieux représentées sur le marché vidéo (les deux sont disponibles en DVD malgré que FACELESS n’a pas sa version française préférable sur le DVD R1). Donc, ces bandes-annonces laissent rêveur pour ce qui nous attend au deuxième programme et au sujet du DR. ORLOF, ça dévoile malheureusement pas mal du récit pour les non-initiés. Après cette entrée en matière, je m’attendais à voir démarrer la bande-annonce des PRÉDATEURS DE LA NUIT avec sa chanson-thème mémorablement kitsch (« Destination nowhere… »), mais on nous offre plutôt le premier film.

L’HORRIBLE DR. ORLOF prend place sur l’écran en copie 16 mm de très bonne qualité autant du côté visuel que sonore, assez pour se demander si elle n’est pas neuve considérant l’année du film. Ayant déjà vu ce morceau, je le redécouvre avec autant d’enthousiasme sur le grand écran avec ses compositions d’images gothiques fabuleuses, ses dialogues savoureux et son humour particulier. La présentation en salle apporte beaucoup et l’auditoire en général semble apprécier, rigolant parfois du côté vieillot des opérations mais somme toute, une salle plus respectueuse que celle dont j’avais imaginé. On nous offre également la version originale sans les deux inserts de nudité dont le premier (l’opération chirurgicale) n’est pas si mal, mais le second (la capture de Diana Lorys par Morpho où les seins de la doublure sortent de son corsage en gros plan) est d’un ridicule abrutissant, tout en brisant l’ambiance. Tant mieux comme ça.

On laisse cinq minutes de répit entre les films, prévenant que si l’on quitte la salle, on risque de perdre notre place avec les gens qui attendent à l’extérieur. Pas de problème, je ne comptais pas bouger. Plusieurs quittent la salle, d’autres entrent. La salle est moins remplie qu’au départ, mais il ne reste tout de même que quelques places et je suis surpris de voir qu’une bonne partie des gens du premier film reste pour le second. Mais voilà, c’est là qu’on va voir ceux qui apprécient un Franco plus expérimental et moins académique avec la prochaine projection, d’autant plus qu’il s’agit d’un remontage avec inserts à caractère sexuel…

Les lumières s’éteignent, les premières images en 35mm de LE MIROIR OBSCÈNE nous révèlent une qualité aussi magnifique que la bande-annonce laissait présager. Wow ! Les couleurs ressortent majestueusement et le son est encore surprenant. Au cours du film, les saletés sur la pellicule sont présentes, bien entendu, mais ce n’est rien comparativement à ce qu’on retrouve en VHS tant les couleurs sont bien définies. À deux moments, on voit le changement de bobines en plein milieu d’une scène avec les couleurs qui se modifient complètement pour être plus sombres, mais encore là, rien de bien mal, ça vous fait sentir la magie de la pellicule plus âgée. Plus tard, lors de la fin d’une scène de suicide, la bobine suivante n’embarque pas et nous retombons dans l’obscurité pendant quelques instants, le temps de remédier à la situation.

Pour ce qui est du film, il s’agit là du montage français accompli pour le compte de Robert De Nesle avec des inserts softs, modifiant tout le récit original espagnol. N’ayant pas vu la version espagnole, mais ayant lu depuis des années le magnifique métrage qu’il est, je peux dire que l’histoire se déroule autour d’Ana (joué par Emma Cohen) hantée par le suicide de son père (Howard Vernon) causé par l’annonce du mariage d’Ana. D’outre-tombe, à travers les miroirs, son père s’éprend d’elle, la privant de sa propre vie, allant jusqu’à ordonner la mort des compagnons possibles d’Ana.

En revanche, dans la version plus olé pour De Nesle, Franco a tourné des plans changeant le récit et le fond. On se retrouve donc avec l’ajout de la sœur d’Ana (Annette dans la VF) (Lina Romay) qui se suicide à l’annonce du mariage. C’est elle qui hantera Annette à travers les miroirs avec ses prouesses sexuelles. Malgré tout, le métrage français dégage une bonne dose de l’ambiance originelle (même si la musique est différente) et les inserts sont du pur Franco de cette époque en plus de dialogues forts savoureux. Bien sûr, on y préfèrera sans doute la version espagnole, mais le remontage n’est pas complètement dénué d’intérêt pour les fans de Jess. On retrouve Lina Romay, Pamela Stanford (le temps de quelques plans) puis Ramon Ardid, seule âme masculine à faire partie de ce monde onirique. Alice Arno, pour son compte, apparaît aussi dans la majeure partie de ces inserts avec Lina Romay pour revenir ensuite dans la deuxième partie du film avec un rôle principal qui n’a rien à voir avec sa présence ultérieure dans les ajouts! Quoi de plus mélangeant pour les nons-initiés…

L’auditoire, lui, ne savait quoi en penser. On remarquait dès le départ ceux qui étaient restés de la projection d’avant puisqu’ils ont éclaté de rire en voyant Howard Vernon dès les premiers plans de celui-ci pour aucune raison. Est-ce que la notion d’acteur leur échappe ? Enfin, j’imagine que le dernier plan du sort réservé à Vernon dans ORLOF a aidé cette réaction particulière ? Passons… Donc, audience moins mature, mais encore pas si mal. On pouvait observer l’attachement à la réalité auquel le public est habitué lorsque la musique jouée à l’écran ne fonctionnait pas toujours avec les plans des acteurs qui, eux, jouaient les instruments dans le film de façon approximative. Le côté rêveur du film et du cinéma échappait à plusieurs.

Le plus frappant était de voir et d’entendre à quel point les inserts sexuels (qui ne sont pas furtifs) administraient un malaise dans la salle. À chacun de ces moments, la salle au complet se mettait à chuchoter au voisin, le climat inconfortable prenant place, tous renonçant à la sexualité à l’écran. Plus ça durait, plus les chuchotements augmentaient jusqu’à même entendre un « dégueulasse ! » d’un homme lorsqu’on y voyait un vagin, poilu de surcroît (la honte !).

Malgré tout ça, personne ne quittait durant ces scènes ! Il y a bien eu quelques sorties à un moment ou à un autre, mais la bonne majorité restait. J’imaginais le petit Jess chez lui en Espagne, grand sourire sur la gueule, avec son Goya d’honneur sur ses tablettes, pendant que son film se voyait confronté à un public d’aujourd’hui, pas habitué du tout à une telle franchise de la sexualité à l’écran, passant du choc à l’inconfort. Heureusement que ce n’était que du soft ! (Pour des précisions sur la version présentée, voir mon prochain billet qui ne tardera pas, c’est promis.)

Lorsque le film se termina, c’est là que plusieurs ont quitté, certains vu l’heure tardive, d’autres ennuyés, d’autres redoutant sans doute la suite (!), d’autres découragés comme le démontra un commentaire d’une jeune dame près de moi qui tentait de comprendre comment le même réalisateur pouvait aussi « mal » cadré un film, lui qui était capable de le faire dans le métrage précédent. Rigolo. La jeune femme dite fan de répertoire, continuait en discours habituel d’incompréhension du manque d’académisme, perdue dans ce dont elle venait d’être témoin, pour terminer en disant qu’elle se rappellera d’Howard Vernon et qu’elle ne veut plus voir cet acteur « douteux ». Faudrait pas lui révéler son rôle dans DELICATESSEN ou dans BOB LE FLAMBEUR pour ne pas la choquer.

Un autre cinq minutes de répit. Je me demande si je reste pour le dernier, l’ayant vu souvent avec les années et il s’agit là d’une commande avec un Franco beaucoup moins présent dans la mise en scène malgré ses thèmes encore apparents (en gros, c’est un démarquage sanguinolent et mis-à-jour de DR. ORLOF). La simple pensée de voir un autre film de Jess Franco en pellicule me ravigote en un instant pour continuer la nuit.

Un changement rapide de personnes dans la salle, les places ne sont pas tous prises, nous ne sommes plus extrêmement nombreux puis ça démarre… « Destination nowheeeeere… », vous connaissez sans doute l’air de la chanson thème si vous avez déjà vu, cette pièce reste en tête comme c’est pas permis. Comme on pouvait s’y attendre, la copie du film est impeccable et j’y découvre des touches d’humour additionnelles dans la mise en scène que je n’avais pas vu jusqu’à maintenant.

Par exemple, dans le club où se déroule une partie de l’action, on peut voir en arrière-plan des trucs assez loufoques. Quand Helmut Berger et Brigitte Lahaie font un tour à ce club pour ramasser une nouvelle victime (Florence Guérin), on retrouve un homme au bar et tous les couples dansant un slow sur la piste sont des couples de femmes. Plus tard, lorsque Chris Mitchum fait son tour et que c’est une femme au bar, on ne retrouve que des couples d’hommes dansant collés l’un contre l’autre sur la piste. Haha ! Les références et l’humour ne manquent pas dans ce film, mais voilà une nouveauté que la projection sur grand écran apporte. Eh ben…

La salle semble bien aimer, le métrage en question n’y allant pas par quatre chemins par sa violence, ses perversités et sa cruauté, le tout bien dosé et tout prêt pour un grand public, même ceux détestant Jesus Franco. En avant, on a droit à un saoulon qui a de la difficulté à s’asseoir pour tout simplement ronfler durant la dernière partie (et continuant lorsque le film est terminé, courage à la personne de la cinémathèque qui a dû le réveiller) et un autre qui juge ses commentaires ( « waaach ! » et « yark ! ») fort utiles à partager entre ses rires à haut volume ce qui lui valu plusieurs « ta gueule ! ». Il quitta avant la fin, bien sûr…

Je somnole dans les derniers instants du film, perdant quelques bouts, la fatigue me rattrappant. La projection se termine et on quitte tranquillement. On vérifie l’heure : 4h40. Aïe !

C’était la première fois que je me tapais plus d’un film de l’oncle Jess en file, préférant les savourer tranquillement, et ce n’est pas déplaisant du tout. Ces projections en pellicule m’ont refait découvrir mon obsession pour son cinéma que je dévore encore avec autant d’enthousiasme. Ses films sont définitivement plus fabuleux projetés en salle et cela était la première fois en 12 années qu’une telle occasion se produisait à Montréal (la dernière fois remonte en 97 à Fantasia, lors de la projection de TENDER FLESH qui fut mal reçu et qui fit banni non-officiellement du festival le pauvre Jess malgré l’enthousiasme des programmateurs). Cette fois-ci, malgré le surnom péjoratif de la soirée ( « La nuit ép(r)ouvante de Jesus Franco » ) démontrant une certaine honte malgré les honneurs que reçoit le metteur en scène ailleurs, on a finalement fait sortir des films de la voûte de la cinémathèque de cet iconoclaste espagnol. J’espère de tout cœur que l’attente ne sera pas aussi longue pour que l’occasion se reproduise. Vivement plus ! Et merci à la cinémathèque québécoise pour cette nuit blanche hors du commun.





L'ouverture du cycle Jess Franco à la Cinémathèque Française. À voir.


La remise du Goya d'honneur à Jess Franco, en compagnie de Lina Romay.

lundi 27 octobre 2008

Une bonne nouvelle pour José !

Voilà un bonne nouvelle qui a éclairé ma journée: 8 films de José Bénazéraf vont paraître en DVD ! Enfin !

Il était grand temps que les films du bonhomme soit attaqués par le format, question de pouvoir revoir de belles images en qualité adéquate loin des copies délavées à multiples générations se promenant et étant jusqu'à ce jour, la seule façon de voir ses oeuvres.

On offre les huit films séparément (pour 20 EUROS chacun) ou en deux coffrets (pour 60 EUROS chacun) de la part de K-Films. Le premier volume contient L'ÉTERNITÉ POUR NOUS, LE CONCERTO DE LA PEUR, L'ENFER SUR LA PLAGE ainsi que LA NUIT LA PLUS LONGUE, et le deuxième coffret offre JOE CALIGULA, BRANTÔME 81, LE DÉSIRABLE ET LE SUBLIME et ANTHOLOGIE DES SCÈNES INTERDITES. La sortie en France est prévue pour le 15 novembre (en NTSC Région 0 selon le site). J'ai bien hâte de voir la qualité des copies, mais d'une façon ou d'une autre, ce sera facilement plus beau que ce que l'on connait. Pour plus d'informations: http://josebenazeraf.fr/


Merci à Klaus pour le magnifique scoop !

mardi 1 avril 2008

TBM - Nouveau clip

Posté ce soir à 21h00, le nouveau clip de The Birthday Massacre, Looking Glass.

Si vous avez la chance de les voir live, garrochez-vous ! Ça vaut largement la peine....

lundi 17 mars 2008

THE LOST en DVD demain....

Sortie importante demain ! THE LOST de Chris Sivertson..... Il vaut le déplacement et traîne dans les méandres de la distribution depuis un bout, malheureusement. Courez vers ce film et dites ce que vous en pensez ! Buko-san approved. hehe. Le résumé de la jaquette:

« Once upon a time, a boy named Ray Pye put crushed beer cans in his boots to make himself taller. But this is no fairy tale: For suburban sociopath Ray (Marc Senter) and his friends, small-town life is a dead end road for sex, drugs, liars and losers. And what begins with a sudden act of senseless violence will climax in a mind-blowing frenzy of depravity... with the worst still yet to come.

Michael Bowen (Kill Bill), Dee Wallace-Stone (Rob Zombie's Halloween), Ed Lauter (True Romance), Megan Henning (7th Heaven), Katie Cassidy (Black Christmas) and Erin Brown (aka Misty Mundae) co-star in this controversial shocker adapted from the infamous novel by Jack Ketchum and based on the true story that stunned America. »


Superbe.

samedi 26 janvier 2008

Le Joker ne rit plus

La mort de l'acteur Heath Ledger arrive en grande suprise cette semaine. Il interprète le rôle du Joker dans le nouveau Batman intitulé THE DARK KNIGHT, toujours mis en scène par Christopher Nolan. La franchise ayant repris vie avec le superbe BATMAN BEGINS, c'est prometteur (avec Christian Bale à nouveau dans le rôle du milliardaire vengeur). Tout est terminé pour le film, mais la campagne de promotion venant de débuter pour ce projet prend un ton incroyablement morbide depuis l'annonce de la mort de Ledger. On risque de tout enlever, ce qui est compréhensible, mais c'est également bien dommage à la vue des superbes affiches. Jetez-y un oeil et vous y verrez la morbidité...

Et, en ce moment, Terry Gilliam doit sacrer sans bon sens..........

mercredi 23 janvier 2008

THE DESCENT

Un film que tout monde a vu maintenant (j'espère), mais une vieille critique qui traîne alors allons-y ! Ouais, ça contient quelques petits spoilers, chose rare chez moi...

Après un évenement tragique, une femme et cinq de ses amies décident de se retrouver pour partir à la recherche de nouvelles sensations fortes, comme elles le faisaient auparavant avec diverses activités de sport extrême. L’aventure, cette fois : l’exploration d’une caverne profonde et mystérieuse au beau milieu d’une forêt. Malheureusement pour elles, une fois leur chemin avancé, un éboulement se produit et les laisse prisionnières dans cette tombe souterraine. Elles décident d’aller plus profondément en quête d’une issue possible d’un autre côté. Seulement, quelque chose semble se cacher dans les coins sombres avec elles, et rien ne peut les préparer à une telle rencontre. Nos jeunes femmes découvriront beaucoup plus que de simples sensations fortes, la terreur prenant place à l’intérieur de chacune d’elles et avec raison…


Magnifique ! Avec un départ fracassant, Neil Marshall nous guide dès le début dans une œuvre concoctée pour abolir les nerfs du spectateur, et ce, en ne tombant jamais dans la gratuité ou la facilité. On prend bien le temps d’établir les personnages qui deviennent rapidement sympathiques et bien construits avec des nuances réussies de chacune des actrices, ce qui accentue le naturel du traitement. Avant la descente dans la grotte, nous avons déjà eu droit à des moments inventifs de frousse, en ne tombant jamais dans les « jump-scares » bidons. Ceux-ci sont si présents dans tout film d’horreur se la jouant facile : en attaquant l’ouïe du spectateur avec une trame sonore orchestrale pompeuse. Le niveau de terreur est conservé tout le film durant et demeure surprenant plus le métrage avance, avec l’augmentation du climat de menace présent dans la caverne.

Extrêmement bien rendue, l’ambiance engouffrante du lieu inexploré demeure viscérale, et ce, à travers le développement de deux formes de terreur : la réaliste et la fantastique. Dans la première partie du film, Marshall travaille la montée de la peur réelle avec tout ce que peut engendrer la visite d’une grotte : peur du noir, lieu inconnu et dangereux, désorientation, hallucinations et surtout claustrophobie. Jamais un film ne m’a autant effrayé avec la visite d’un lieu clos, recréant en moi un niveau intolérable d’étouffement me poussant à me demander si j’étais claustrophobe ou non. Tout de même un accomplissement s’il en est.

Ensuite, avec le climat d’oppression serrant la vis, on nous prépare à la découverte de ce qui se cache dans les coins sombres : des êtres lugubures. Cet angle, amené tout de même tardivement dans le métrage, ne ternit pas l’ambiance créée. On nous envoie plutôt sur une route différente, où la survie de nos protagonistes se voit encore plus mise en jeu et devra forcément évoluer vers le sauvage, voire le brutal.

La mise en scène calculée et maîtrisée donne un air somptueux au film avec sa musique dans le ton, qui n’en met jamais trop, ce qui demeure l’erreur de plusieurs métrages du genre, préférant l’étouffement facile de la bande sonore par des compositions à numéro. La photographie travaillée s’ajuste en conséquence et s’en tient au niveau grandiose du reste de l’entreprise, tout en expérimentant avec l’aspect sombre. Si éclairage il y a, on utilise les méthodes de luminosité possible dans une grotte, variant les couleurs (rouge, orangé, vert) superbement. En bref, vous l’aurez compris, le film est brillant, magistral et terrifiant. À voir absolument !


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Voilà maintenant que le nouveau film de Neil Marshall se ramène. La prémisse annonçait un film sombre et prometteur, mais la bande-annonce n'est pas ce qu'il y a de plus convaincant.... Un mélange d'ESCAPE FROM NEW YORK et MAD MAX avec one-liners à l'appui, ça rend le projet moins captivant. Enfin, on va se fier à Marshall et on verra ce que ça donnera. Découvrez la bande-annonce ici.

mardi 15 janvier 2008

dimanche 13 janvier 2008

ZODIAC: Director's cut

David Fincher et son ZODIAC. L'avez-vous vu ? Si la réponse est dans la négative, courez le voir (oui, oui) ! Je suis repris d'enthousiasme pour le film en le revoyant cette semaine dans la version du réalisateur qui, à vrai dire, ne comporte pas d'énormes changements, mais raffine plutôt un film inoubliable et maîtrisé. Si vous désirez connaître les quelques différences entre les versions, cliquez ici (il y a des spoilers). Je n'ai pas encore eu la chance de parcourir les nombreux documentaires sur le sujet accompagnant cette version du film en DVD, mais pour une fois, j'ai une grand envie de découvrir ces suppléments qui ne sont pas que des archives promotionnelles ennuyantes. Ce qui me rappelle que je n'ai pas encore fait le tour de la récente ré-édition de BLADE RUNNER, elle aussi étant garnie d'extras intéressants. Bah, le temps file....

J'ai cependant remis la main sur une bonne vieille VHS cachant sous son plastique THE ZODIAK KILLER (oui, avec un K le Zodiac dans ce cas, ho ho. KK). Datant de 1971 (de Tom Hanson), ce film torché rapidement laisse un drôle de goût en bouche, étant tourné si peu de temps après les événements. Bien sûr, c'est mal joué, mal foutu et digne du cinéma d'exploitation, mais son mandat premier se veut un avertissement pour les gens de l'époque. Bravo. On tente de foutre la paranïoa dans la ville avec un dude portant une perruque ridicule et un nez en plastique ! Le tout débute avec une note de Paul Avery (joué par Robert Downey, Jr. dans la version de Fincher), journaliste du San Francisco Chronicle, ayant également agit comme consultant pour le film. Son mot de bienvenue vaut son pesant d'or... Le voici:

« The motion picture you are about to see was conceived in June 1970. Its goal is not to win commerical awards but to create an " awareness of a present danger". Zodiac is based on actual facts. If some of the scenes, dialogue, and letters seem strange and unreal, remember - they happened. My life was threatened on Oct. 28, 1970 by Zodiac. His victims have received no warnings. They were unsuspecting people like you ---
Paul Avery, Reporter
San Francisco Chronicle »

Au cours du récit simplet, on nous montre le repère du Zodiac ressemblant étrangement à celui de Fuad Ramses dans BLOOD FEAST de Herschell Gordon Lewis. Dans le coin secret de notre postier-tueur beau bonhomme, de magnifiques draps rouges arpentent les murs avec des chandelles un peu partout et lui de faire des incantations sataniques vêtu d'une tunique noire. Ouais, bon, pour les faits précis, on repassera bien sûr... Sa présentation est d'ailleurs fabuleuse: on voit une jeune dame heureuse marchant sur le trottoir lors d'un après-midi ensoleillé, disant de jolis bonjours à des enfants. Tout à coup, marchant en sens contraire, notre perruqué au nez en plastique lui saute dessus pour la poignarder. Bam... Bam... Bam... Le sang coule et fait la croix du Zodiac dans les craques du trottoir.... Générique de début.

Dire que dans un lot similaire, j'ai deux films d'Uli Lommel trainant quelque part ici: c'est épeurant. Le traitement doit être magnifique. Un de ces deux métrages a au moins un bon élément en sa faveur: David Hess est de la partie. Déjà ça de gagné, mais vu les projets horriblement emmerdants de Lommel dans les dernières années (incluant sa série de films sur des tueurs, euh, en série commandée par Lions Gate), je crois que je vais faire appel à un ami rarement utilisé: le fast-forward. Le jour viendra.... Pour le moment je vous laisse sur un court texte, à propos du génial ZODIAC de Fincher, que j'avais écrit pour une revue lors de sa sortie au cinéma. Voilà. À bientôt !

« Cinq ans après la sortie de PANIC ROOM, David Fincher revient enfin sur le grand écran avec un nouveau projet. L’attente en valait-elle la peine ?! Aucune hésitation de ce côté : oui. Pour une fois, les attentes sont comblées avec une élégance magistrale. Fincher s’attaque au cas du Zodiac, un tueur en série ayant sévi principalement vers la fin des années 60 jusqu’au début des années 70 à San Francisco et dans ses environs. Adapté des deux bouquins à succès de Robert Graysmith, le film suit l’enquête qui dura plusieurs années, ce fameux Zodiac demeurant un tueur évasif, tout en provoquant l’œil public. En effet, il envoyait des lettres aux plus gros journaux, à la suite de ses meurtres cruels dont il décrivait les détails de sang-froid, formulant des demandes en y ajoutant des menaces et des messages codés. Graysmith bossait à l’époque à l’un de ces journaux (en tant que caricaturiste pour le San Francisco Chronicle) et il vécut donc ces événements de près. Devenu obsédé par le cas, il fouina partout pour démasquer la personne derrière ces crimes après l’abandon des policiers, et ainsi, entama sa propre enquête sur le sujet.


Fincher a pris la sage décision de privilégier une mise en scène sobre. S’il aime souvent l’excès, il laisse cette fois le récit passionnant se développer avec une brochette d’acteurs talentueux. Certains critiquent la trop longue durée du métrage, mais on ne peut nier son intensité : j’en étais rivé à mon siège pendant le déroulement complet de l’oeuvre. Il ne s’agit pas ici d’une biographie de ce tueur en série, mais plutôt du développement de l’affaire, ainsi qu’un portrait des nombreuses personnes attachantes mêlées au cas. Voilà donc un fabuleux compagnon au bijou de Spike Lee, SUMMER OF SAM, proposant de son côté les événements entourant le cas de David Berkowitz, à la fin des années 70. »